
ANNÉE C Textes : 2 M 7, 1-2. 9-14 ; 2 Th 2, 16 – 3, 5 ; Lc 20, 27-38
Alors que Jésus avance vers le moment de sa passion et de sa mort à Jérusalem, les sadducéens l’interrogent sur le thème de la mort et de la résurrection. Comme tous les hommes, Jésus est confronté à la réalité inéluctable de la mort. Le contexte dans lequel se pose ladite question souligne la force de la réponse de Jésus. Car, dans peu de temps, Jésus sera confronté à sa propre mort. La réponse de Jésus n’est pas ici une simple réaction au cours d’un débat théorique, elle exprime une vision bien personnelle sur la question de la vie après la mort. C’est tout son être qui est impliqué dans la réponse qu’il propose. Suivons-le pas à pas, à travers son explication.
« Les enfants de ce monde prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection »(Lc 20,34-36). Notons d’entrée de jeu que le Seigneur distingue la vie dans ce monde-ci et celle dans le monde à venir. Il n’est guère aisé, pour les hommes, de se représenter la vie dans le monde à venir. Selon Jésus, ceux qui prendront place dans le monde à venir seront « […] semblables aux anges […] » (Lc 20,36). Que savons-nous de la vie des anges ? Pas grand-chose. Difficile donc d’imaginer ce que sera la vie dans le monde à venir. Un enfant qui est dans le sein de sa mère peut-il déjà imaginer ce qu’est le monde ? Une chenille a-t-elle la moindre petite idée de sa vie future comme papillon ? Ainsi en est-il pour nous vis-à-vis du monde à venir. Il existe pourtant quelque chose de sûr et de magnifique pour ceux qui seront jugés dignes de prendre place dans ce monde à venir. Ils seront introduits dans l’intimité du Père : « […] ils sont fils de Dieu » et « héritiers de la résurrection » (Lc 20,36).
Au-delà du contraste entre ces deux mondes, le Seigneur affirme aussi que l’accès au monde à venir ne survient qu’après avoir passé l’épreuve de la vie terrestre. En d’autres termes, la vie sur terre peut être considérée comme un examen qui nous habilite à accéder dans le monde à venir. Car il faut être jugé digne pour y prendre place.
« Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur : le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui » (Lc 20, 37-38). Jésus affirme explicitement la résurrection des morts. Les sadducéens rejetant la résurrection des morts, qu’ils concevaient comme un retour à la vie terrestre, et ils justifiaient leur négation par les conséquences absurdes d’un tel retour. Leur erreur était de refuser à Dieu le pouvoir de faire participer ses amis à une vie nouvelle, la sienne, sur laquelle la mort n’a plus d’emprise. Sous l’ancienne Alliance Dieu a inspiré à des enfants de proclamer, par leur mort, qu’il est le seul maître de la vie (cf. 2 M 7, 1-2. 9-14). De même des martyrs chrétiens, en mourant joyeusement pour la foi, ont affirmé leur espérance en Jésus qui est la résurrection et la vie. La doctrine chrétienne de la résurrection des morts nous enseigne que l’amour de Dieu va au-delà de la mort. C’est parce que Dieu nous aime que nous continuerons à vivre en lui et avec lui. Seigneur, Dieu des vivants, par le Christ vainqueur de la mort tu nous appelles à une vie sans déclin. Fais de nous tes fils et les héritiers de la résurrection, pour que nous puissions, avec les anges, contempler à jamais ton visage de gloire. Lasne, 06 novembre 2022